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samedi 12 juin 2010

Pas si loin...


J'ai beau avoir beaucoup de respect pour Eric Bayle, le très sympathique et très apprécié journaliste de Canal+, je ne peux pas être d'accord avec ses commentaires en direct lors de ce sommet entre les champions du Monde et les champions d'Europe au Cap. Certes, le score est sévère et sans appel. Mais qu'a-t-il manqué aux Français? Quelques placages réussis, une paire de centre et un peu plus de temps de préparation. Le score n'est pas le témoin d'un écart si important entre les bleus de France et les Bocks d'Afrique du Sud.


Les gros étaient là.

Devant, on s'y attendait et on a pas été déçus. Ce fut un combat apre, dur, viril. Mais les Français ne se sont pas échappés, ils n'ont pas fui devant la furia bock. Ils ont accepté la violence des placages et des mélées ouvertes et ont répondu présents, à l'image d'un Lionel Nallet toujours aussi exemplaire au combat. La mélée ne nous fut pas défavorable et seule la touche, élément du jeu de rugby si technique et si préparé à l'entraînement, fut à critiquer. Les déblayages bleus mirent à plusieurs reprises les Sud'Afs sur le reculoir et permirent bon nombre de turnovers au profit de la France.


Le malheur de l'équipe de France, c'est d'être passé au travers des 20 premières minutes d'un match capital, revanche de la défaite des bocks à l'automne à Toulouse. Trop d'erreurs de défense ont émaillé le début de match pour installer le XV de France dans la partie. Cette équipe a pêché par excès de confiance. Toute resplendissante après son grand chelem sorti de l'hiver froid de notre hémisphère, elle a envoyé du jeu, beaucoup trop de jeu et s'est faite contrer. Normal face à une équipe aussi expérimentée et solide que l'Afrique du Sud qui n'en n'attendait pas tant pour nous piquer au fer chaud de son esprit de revanche dès la deuxième minute.


Ensuite, nos bleus ont juste oublié de plaquer et se sont offerts aux flèches ultra-rapides de l'équipe championne du monde qui sort des merveilles d'ailiers et d'arrières comme si le réservoir ne s'épuisait jamais.


Las, le match était plié et il fallut une passe hasardeuse de Trinh-Duc (qui gacha un 5 contre 3 d'attaque des français) pour emballer définitivement nos espoirs à la 65ème après que la France a fait de la résistance pour rester au contact et au moment même où elle prenait un ascendant sur son adversaire, laissant entrevoir une fin de match de feu.


Triangle de Bermudes.

Ce fut bien là la faiblesse de l'équipe de France. Le triangle d'attaque formé d'un Trihn-Duc à cours de compétition et des centres Catalans inexistants, transparents et maladroits lorsqu'ils eurent le ballon a sombré. Nos sélectionneurs ont peut-être peché par excès de fidélité à leur 10 emblématique dont le manque de rythme et de justesse dans ses choix a été flagrant. Skrela, plus lourd, plus dense, plus capable au pied de renvoyer les bocks vers leurs chères études dans leur camps et tout frais champion d'Europe semblait pourtant mieux armé pour conduire la brouette française en terre africaine.


Juste derrière, la densité physique d'un Bastareaud ou la technique d'un Jauzion nous ont manqué pour soutenir la comparaison avec un quinze d'Afrique du Sud qui faisait parfaitement glisser sa défense et profitait de chaque ouverture en attaque pour mettre de la vitesse et créer des brêches.


Au final, n'en déplaise à Eric Bayle, il n'y avait pas tant d'écart entre les deux équipes que le score pourrait le laisser penser et une meilleure discipline couplée à un début de match plus prudent de la part de nos Bleus auraient pu changer le cours de la rencontre. On en regrette que le prochain match prévu en Argentine nous prive d'une revanche en terre africaine car le Champion d'Europe aurait sûrement montré que les bleus ont les moyens de le disputer aux Bocks.


Devant le rugby très accompli de ces Sud'Afs, on en vient à craindre pour l'Italie qui sera le prochain adversaire des Bocks. Parions que le score sera aussi lourd que contre la France mais le contenu sera bien différent et démontrera qu'en ce 12 juin 2010, la France, en fin de saison d'hémisphère Nord et après seulement quelques jours passés ensemble, n'est pas si loin.